Au numéro 6 dans la villa blanche, Ernestine prend son sac et la petite main chaude de son fils Anatole. Elle marche vers la porte d’entrée, l’ouvre
et s’engage en chantonnant sur le chemin de la garderie « les canards ?
Pour un athée avec comme prénom Théodore !.... voici un exercice complexe et difficile. Théodore ne signifie-t-il pas « don de dieu » ?
Il sait bien qu’une bonne pub prend en compte les situations et prédispositions sociologiques. Il faudra parler des matériaux recyclables des conditions de fabrication respectant les droits des travailleurs et blablabla...
Assis à son bureau, il scrute l’écran d’ordinateur et les dernières nouvelles. Il zappe entre la météo, le télé journal, la chaîne « music » et NBC. En passant d’une chaîne à l’autre, il entend des fragments de phrase, des mots : bleu, pain, demain, recette, responsabilité, cynique, nouveau, coupe, panier etc...
Les images défilent, les mots se suivent, rien ne se tisse. Pas encore. Il sait, Théodore que ce n’est qu’une question de temps et que les choses réussissent parce qu’on y met de l’énergie. Il a confiance. Le délai n’est pas trop court.
Midi sonne sur son I-phone.
Ernestine et Anatole l’attendent à la brasserie du coin. Tous trois, ils aiment déjeuner sur la terrasse à l’ombre du cerisier en fleurs. Peut-être l’odeur délicate des pétales lui apportera un peu d’inspiration ?
En descendant quatre à quatre les marches, son portable sonne. 523040 : qui est-ce ? pas listé dans ses contacts, il laisse sonner et ne décroche pas.
Dehors, belle et douce journée de printemps. A la petite table ronde Ernestine sourit en le voyant arriver. Radieuse dans sa robe fuchsia et lui tend ses lèvres fraîches. Anatole, excité comme une puce raconte sa matinée à l’école. Le serveur arrive avec les propositions du jour écrites sur une grande ardoise :
Choix d’entrées, choix de plats et choix de desserts
Créez votre menu du jour !
Théodore lit l’ardoise et pense : « j’aurais dit : « composez... à la place de créez ! » n’oubliez pas, c’est un publiciste. Ah ! on dit bien tout et n’importe quoi aujourd’hui. Si les gens savaient ce qu’ils disent quelques fois...
Il soupire, il en a marre de ces conneries.
Il rêve de nature, de simplicité, de joie et de temps libre
Pour savourer ce que les croyants appèlent « les fruits du créateur ».
Décidemment, il y a quelque chose dans l’air qui lui court après. Un signe ?
Bonne appétit Ernestine et Anatole !
Texte écrit suite à un collage A l’atelier du 16 mai 2012